Véganisme
Depuis l’aube, une trentaine d’activistes de l’association 269Life Libération animale paralysent la chaîne de production de l’abattoir situé à proximité de Gland. La gendarmerie vaudoise est sur place

L’action est une première en Suisse. Depuis jeudi matin à l’aube, une trentaine de militants antispécistes de l’association 269Life Libération animale ainsi que des membres d’un mouvement citoyens occupent l’abattoir de Vich, dans le district de Nyon. Attachés les uns aux autres avec chaînes et cadenas, ils bloquent l’accès à la salle d’abattage pour dénoncer l’exploitation animale. La gendarmerie vaudoise est sur place et indique que la situation est sous contrôle.
Pourquoi cet abattoir et pas un autre? «Il y a 600 abattoirs en Suisse, il faut bien commencer quelque part», lance Elisa Keller, déléguée suisse de l’association 269Life Libération animale. «Nous ne voulons pas blâmer ce propriétaire en particulier, mais l’ensemble du système qui met à mort des innocents.»
Vache blessée
Le domaine était désert lorsque le petit groupe est arrivé sur les lieux peu avant 5h du matin. «Nous avons pu effectuer un compte rendu, prendre des photos des cadavres dans les frigos et des outils d’abattage, relate la jeune femme âgée de 20 ans. A 7h, les éleveurs ont commencé à amener les animaux.» Les activistes repèrent alors rapidement une vache blessée. «Elle avait le sabot fendu, saignait et était très maigre», affirme Elisa Keller.
Propriétaire injoignable
Sur les coups de 8h, le propriétaire arrive à son tour sur les lieux. Insultes, jets d’eau: la tension monte d’un cran. «Nous lui avons expliqué notre démarche non violente, raconte Virginia Markus, militante antispéciste indépendante. Sa réaction a été très virulente et agressive, il a refusé le dialogue.» Il reste pour l’heure injoignable. La police cantonale vaudoise précise qu'il a d'ores et déjà déposé plainte pour violation de domicile.
«Réponse radicale»
Les militants sont-ils conscients des conséquences judiciaires d'une telle action? «Nous voulons lancer un message fort à la société et à l’Etat qui ne propose que des réformes cosmétiques pour le bien-être animal, argumente Elisa Keller. La désobéissance civile est une réponse radicale à un problème urgent et grave.» Les militants n’ont désormais qu’un but: sauver l’animal blessé.
Espoir déçu en début d'après-midi. «Après plusieurs heures de négociation pour que des vétérinaires puissent la sauver, les éleveurs ont finalement conduit la vache à l'abattoir», déplore Virginia Markus qui s'apprête à quitter les lieux. «C'est très révélateur du soin porté aux animaux de rentes. Son seul tord était de s'être blessée au sabot...»
Lire aussi: Virginia Markus, frondeuse lucide contre l’exploitation animale