Natacha Litzistorf: «Le dispositif mis en place pour la gare de Lausanne est à la hauteur de la crise»
Mobilité
AbonnéAu lendemain d’une réunion au sommet à Berne, la conseillère municipale lausannoise fait le point sur l’avenir de ce chantier crucial pour la capitale vaudoise et le réseau ferroviaire romand

Il y avait du beau monde pour remettre le chantier de la gare de Lausanne sur de bons rails, mardi à Berne. La ministre des Transports démissionnaire Simonetta Sommaruga accueillait pendant deux heures le patron des CFF Vincent Ducrot, le directeur de l’Office des transports (OFT) Peter Füglistaler, la conseillère d’Etat vaudoise Nuria Gorrite, ses homologues Laurent Favre (Neuchâtel) et Jean-François Steiert (Fribourg), ainsi que la conseillère municipale lausannoise Natacha Litzistorf. Cette dernière, qui devra composer avec une décennie de travaux dans sa ville, dessine l’avenir proche du chantier.
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Le Temps: Mardi a eu lieu la réunion que la conseillère d’Etat Nuria Gorrite et vous-même réclamiez d’urgence. Avez-vous l’impression que les acteurs fédéraux saisissent désormais l’importance de ce dossier?
Natacha Litzistorf: En tant que représentante de la ville, j’ai eu le sentiment d’être écoutée et considérée par la conseillère fédérale. Avec beaucoup de finesse et d’empathie pour cette situation de crise, elle a donné de l’importance à tous les niveaux institutionnels. Elle a rappelé que la Suisse romande compte, que la gare de Lausanne est un nœud ferroviaire crucial, et nous a assuré que le problème était pris au sérieux. Cela peut paraître trivial, mais nous avions besoin de l’entendre.
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Ensuite, les diverses annonces effectuées, notamment sur les ressources humaines supplémentaires mises à disposition des CFF, permettent d’aller sur une dynamique que l’on souhaite plus efficace et plus sereine. Le dispositif mis en place est à la hauteur de la crise.
Concernant la levée des charges par l’OFT, un changement de méthode a été annoncé. Qu’est-ce que cela signifie?
Dorénavant, les CFF et l’OFT avanceront spatialement sur ce projet: d’abord le front sud, puis les quais, puis la galette et enfin le sous-sol de la place de la Gare. Ce phasage spatial permet de structurer le processus et de fixer des priorités.
Une «plateforme de suivi au plus haut niveau» est créée, réunissant toutes les deux semaines vous-même, Mme Gorrite, le directeur des CFF et celui de l’OFT. Qu’est-ce que cela va changer?
C’était une proposition de Mme Sommaruga. Cette entité vient chapeauter la structure Léman 2030, elle répond à la situation de crise et ne concerne que la gare de Lausanne. Cela nous permettra d’avoir un lien plus serré avec les deux directeurs et de mieux échanger les informations. Il n’est pas question de pérenniser une telle structure.
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A quel horizon le chantier pourra-t-il finalement être lancé?
Impossible de le savoir pour l’instant, mais ce ne sera probablement pas avant une année. On espère avoir un calendrier plus précis le printemps prochain.
Qui assumera les coûts liés à ces retards?
Là non plus, pas de réponse. Pour la ville de Lausanne, il est impératif de délimiter le périmètre des surcoûts, car les retards de la gare ont un impact énorme: le métro M3, dont le chantier est lié à celui de la gare, doit desservir un quartier de 8000 habitants, 3000 emplois et un centre sportif. Il faudra drainer tous ces gens, par exemple avec des lignes de bus de substitution. A mes yeux, la facture ne devrait pas être supportée par les acteurs locaux.
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Vu le retard du chantier, vous souhaitiez ôter des palissades. Est-ce que ce sera possible?
J’ai un accord oral de l’OFT, j’attends désormais une confirmation écrite. L’idée ne serait pas de revenir à l’ancienne place de la Gare, mais de préfigurer ce que celle-ci doit devenir. Les voitures continueraient de circuler au nord de la place, tandis que seraient installés des aménagements saisonniers, de façon à générer une attractivité favorable aux commerçants déjà en place.
Quel est votre message aux Lausannois, qui s’apprêtent à vivre une décennie de travaux?
Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour rendre cette période transitoire la plus supportable possible en termes de mobilité et de convivialité. Je ne promets rien sur le calendrier, rien sur les coûts, mais sur ce qui est de ma compétence: garder une ville vivable pour la population, les usagers et les commerçants.
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