Lu ailleurs
Des militants de la cause climatique, mis en cause pour avoir lancé un appel au boycott de l’armée, ont été perquisitionnés, selon une information de Heidi.news. Le mouvement Grève du climat dénonce une «violation grave de la liberté d’expression»

Trois grévistes du climat ont fait l’objet d’une perquisition à leur domicile, révèle ce mercredi Heidi.news. Leur implication publique dans un appel à la grève militaire, lancé il y a plus d’un an, est à l’origine de l’intervention de la police. Dans son article, le média en ligne précise que leurs ordinateurs, tablettes et téléphones ont été saisis le 26 mai par les forces de l’ordre. Les données de ces appareils électroniques, ainsi que celles stockées sur le cloud ont été copiées. Loïc, Kelmy et Loris ont également été interrogés sur le fonctionnement du mouvement Grève du climat et ses différents membres. Une opération de police que les militants jugent «disproportionnée». Dans un communiqué publié ce mercredi, la section vaudoise du collectif dénonce une «violation grave de la liberté d’expression» et lance un appel aux parlementaires fédéraux.
Les signatures
Le 11 mai 2020, l’antenne romande de Grève du climat avait incité au boycott de l’armée dans un communiqué publié sur son blog: «Par éthique, morale, responsabilité écologique et sociale, […] si vous devez payer la taxe militaire, ne la payez pas […]. Si vous êtes appelé au service militaire, n’y allez pas.» Le site sur lequel a été posté ce message est enregistré au nom de Loïc, Loris est chargé des relations avec la presse et Kelmy indique sur sa page LinkedIn rédiger des communiqués de presse pour Grève du climat.
«J’ai été réveillé par sept agents de police dans mon salon au petit matin», raconte Loïc dans le communiqué envoyé ce mercredi. Privé de son smartphone et de son ordinateur, celui qui se présente comme un ancien membre du collectif ajoute qu’il était dans l’incapacité de travailler et de contacter ses clients pendant six jours: «Tout cela pour un appel à la grève militaire qui a eu lieu lorsque que je n’étais même plus impliqué dans la Grève du climat.»
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Heidi.news rappelle que le mouvement de lutte contre le réchauffement climatique est «collectif et horizontal». Ce fonctionnement décentralisé a «probablement» complexifié la sélection des personnes visées.
Prévenir et punir
Le conseiller national UDC Jean-Luc Addor avait pris les devants en dénonçant ce message auprès du Ministère public de la Confédération (MPC) pour atteinte à la sécurité militaire. Il s’était appuyé sur l’article 276 du Code pénal qui prévoit de punir «celui qui aura publiquement provoqué à la désobéissance à un ordre militaire, à une violation des devoirs de service, au refus de servir ou à la désertion». Mais le Conseil fédéral lui avait répondu que «le droit pénal sert à prévenir et à punir les crimes et les délits, non à restreindre la liberté d’opinion ou à prévenir quelque opinion indésirable».
Voir notre vidéo: Grévistes du climat: qui sont-ils?
Jean-Luc Addor avait alors décidé de porter plainte contre les grévistes du climat et une procédure avait été ouverte, celle-ci est toujours en cours. Contacté par Heidi.news, le parlementaire valaisan résume sa position: «Je ne fais pas le justicier, mais soit on est encore dans un Etat de droit et on applique les lois, soit on en sort.» L’armée suisse et les personnes incriminées s’accordent à dire que les répercussions de l’appel à la grève militaire sont minimes.