Avec les Plaines-du-Loup, Lausanne se métamorphose
Vaud
AbonnéLes autorités inaugurent ce week-end le gigantesque écoquartier des hauts de la ville, qui a vu ses premiers habitants emménager. Celui-ci accueillera à terme 8000 personnes et 3000 emplois. Il est la concrétisation d’un ambitieux plan urbanistique lancé en 2007 et qui doit permettre à la capitale vaudoise de se voir en métropole

L’ensemble est impressionnant. Minéral. A l’ombre d’une forêt de grues, encore corsetés d’échafaudages, 23 bâtiments sont en train de sortir de terre, transfigurant les hauts de Lausanne. Le bruit des machines résonne entre les façades. Mais, à une des extrémités de ce gigantesque chantier, l’un des plus grands de Suisse, les balcons de deux immeubles ont déjà commencé à prendre vie, emplis de chaises longues, de fauteuils en osier ou de plantes vertes. Des linges bariolés y sèchent au soleil. Depuis le mois de juillet, 200 habitants ont emménagé aux Plaines-du-Loup. Les 200 premiers d’un écoquartier qui accueillera 8000 personnes et 3000 emplois d’ici à 2030.
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«Avec l’arrivée de ces premiers habitants, c’est l’heure de vérité qui sonne. Nous verrons si les ambitions et objectifs fixés sur le plan environnemental, architectural, de mixité répondent à leurs besoins», a relevé le syndic de Lausanne, Grégoire Junod, lors d’une conférence de presse ce mardi matin, organisée en vue de l’inauguration officielle du quartier samedi, celle-ci sera accompagnée de deux jours de fête populaire. L’étape est importante et pas seulement parce que les Plaines-du-Loup représentent «le plus grand projet jamais réalisé dans la ville», selon les termes de l’élu socialiste. Situé entre le stade de la Pontaise et l’aérodrome de la Blécherette, l’écoquartier est en effet la concrétisation de «Métamorphose». Lancé officiellement en 2007, plébiscité dans les urnes, ce projet urbanistique ambitieux doit enfin permettre à la capitale vaudoise de se voir en métropole.
Cette ambition, les autorités actuelles la portent toujours. «C’est le chantier de tous les superlatifs, s’est enorgueillie la Verte Natacha Litzistorf, municipale chargée du Logement, de l’environnement et de l’architecture. Les défis que relève ce projet, tant au niveau climatique, énergétique qu’au niveau de la durabilité, dépassent largement les frontières lausannoises.» A terme reliées par le futur métro M3, les Plaines-du-Loup se veulent exemplaires. Tous les immeubles répondent ainsi aux normes du concept «société à 2000 watts». «L’installation de 35 sondes géothermiques à 800 mètres de profondeur avec pompes à chaleur, complétées par un système de récupération de la chaleur des eaux usées, assurera au quartier une autonomie en termes de chauffage», relève encore Guillaume Dekkil, responsable du Bureau de développement et projet «Métamorphose».
Une ville dans la ville
Le quartier n’en a pas moins suscité certaines critiques, notamment sur la hauteur des immeubles et la forte densité de la zone. Un choix assumé pour faire face à la pression démographique et aux impératifs environnementaux. «Nous avons pris nos responsabilités, construisant la ville à l’intérieur de la ville, afin de protéger le territoire autour de Lausanne», plaide Natacha Litzistorf. La municipale écologiste rejette également le reproche d’un manque de verdure. «Si 300 arbres ont été abattus, davantage, soit plus de 400, seront replantés», promet-elle. Mais ils ne pourront l’être qu’au terme du chantier.
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L’un des points forts du quartier, qui comptera encore une école de 16 classes avec bibliothèque et salle de gym, une maison de quartier et des commerces, demeure sa mixité sociale. L’ensemble a été pensé avec la règle de la répartition des «trois tiers»: 30% de logements subventionnés, 40% de logements à loyer abordable et 30% de logements en marché libre (PPE ou location). Aux Plaines-du-Loup, les investisseurs classiques, comme les fonds de pension, côtoient les petites coopératives d’habitants. A l’image de La Meute qui gère l’un des deux premiers immeubles habités. «Le bâtiment compte plusieurs espaces communs, un café, un atelier où les habitants pourront notamment construire leurs meubles, un centre d’exposition et une terrasse sur le toit», détaille Michael Scheuplein, membre du conseil d’administration de La Meute, qui souligne le volet social de leur initiative, avec la création d’un appartement de 14 chambres géré avec la Fondation solidarité logements pour les étudiant‑e‑s et (FSLE) et de quatre logements devant accueillir des mineurs non accompagnés placés par l’EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants).
Jusqu’à aujourd’hui, au total 520 millions de francs ont été investis par 18 acteurs privés dans les Plaines-du-Loup, auxquels il faut rajouter 64 millions par des collectivités publiques. D’autres étapes suivront dans la mue de la ville. Une extension de l’écoquartier est notamment prévue au sud, avec le dessein de détruire le stade de la Pontaise (dernière enceinte construite pour la Coupe du monde de 1954 encore existante), dont l’exploitation est néanmoins assurée jusqu’en 2026. Un deuxième écoquartier d’envergure est également projeté sur les rives du lac, au Pré-de-Vidy, avec début des travaux agendé en 2026 et arrivée des habitants dès 2030.