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La «rébellion» climatique s’organise à Lausanne et ailleurs en Suisse

Un collectif d’inspiration britannique a une nouvelle fois bloqué un pont lausannois ce jeudi. Cet appel à la désobéissance civile s’est déroulé dans le calme, ce qui n’a pas été le cas dans d’autres villes européennes

La manifestation du collectif Extinction Rebellion s’est déroulée dans le calme et sans heurt. 18 avril 2019, Lausanne. — © KEYSTONE/Adrien Perritaz)
La manifestation du collectif Extinction Rebellion s’est déroulée dans le calme et sans heurt. 18 avril 2019, Lausanne. — © KEYSTONE/Adrien Perritaz)

Après une première manifestation lundi sur le pont Chauderon, c’était au tour du Grand-Pont, en plein cœur de Lausanne, d’être occupé jeudi par un rassemblement du collectif Extinction Rebellion. Ce mouvement, qui prône la «désobéissance civile», a été lancé en octobre 2018 au Royaume-Uni. Il produit ses premiers frémissements en Suisse, dans le cadre des mobilisations pour le climat, mais il a déjà donné lieu à des manifestations spectaculaires, dans des villes comme Londres et Oslo.

A 12h15, ils étaient environ 300 à pique-niquer au milieu du Grand-Pont, dont la circulation avait été déviée par la police. Les drapeaux du collectif, qui portent un sablier symbolisant le temps qui reste avant l’extinction de l’humanité, flottent sur les sandwichs. Les participants sont en majorité jeunes, parfois en famille, poussettes et vélos garés sur le trottoir.

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Les passants s’étonnent de voir l’une des artères principales de Lausanne entravée par la foule. La manifestation, bien que non autorisée, avait été annoncée. «Cela nous a permis de réguler la circulation, relève l’un des rares policiers à encadrer le sit-in. Il n’y a pas d’organisateur clairement identifié, car ils savent que sinon ils seraient dénoncés.»

«Manifester permet de renforcer l’action revendicatrice auprès de nos autorités, nous dit Isabelle Jeanloz, assise sur le trottoir, qui est engagée depuis longtemps pour le climat. Fini le blabla, il faut agir ici et maintenant.» Pour Sarah Bonjour et Jessica Divry, qui dévorent des sushis et apprécient ce rassemblement convivial, c’est une première. Elles affirment toutes deux que pour défendre la cause climatique, il n’y a pas besoin de violence.

Un peu plus loin, un groupe de jeunes est venu pour protester contre le consumérisme et ses conséquences. Pour Michel, «améliorer la qualité de vie, ne passe pas forcément par consommer plus. On arrive au bout du modèle actuel, mais il faudra du temps pour que la société prenne conscience de ce phénomène complexe.» Et de déplorer qu’il n’y ait pas d’urgence politique pour répondre à l’urgence climatique.

«Déranger pour être écouté»

Le pique-nique s’est achevé par un discours de Sonia, l’une des membres du collectif. «Nous devons nous rebeller et désobéir pour protéger la vie sur terre, déclare-t-elle devant un parterre conquis. J’ai 49 ans et je n’ai jamais fait de désobéissance civile, mais le collectif Extinction Rebellion m’a séduite.»

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«Déranger pour être écouté», tel est le mot d’ordre de ce mouvement né en Grande-Bretagne et qui a été accompagné à ses débuts par Greta Thunberg, la jeune activiste suédoise qui incarne la mobilisation pour le climat. Ce mercredi, les activistes anglais ont paralysé quatre carrefours névralgiques de Londres, avec des interpellations à la clé. Une branche lausannoise a été créée en janvier dernier. A Berne, une manifestation s’est déroulée sous cet étendard samedi dernier devant le Palais fédéral.

D’autres rassemblements de cette mouvance sont prévus dans le cadre d’une «semaine internationale de la rébellion», qui se tient ces jours. Deux «die-in», où les manifestants feront les morts allongés sur la chaussée, sont organisés à Monthey (VS) et à Lucerne, tandis qu’un autre rassemblement est prévu à Zurich ce dimanche.

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