Le scoutisme se trouve une seconde jeunesse
Jeunesse
De plus en plus en de jeunes rejoignent les scouts ou les cadets. Ces mouvements se modernisent et se féminisent. A Lausanne, la Brigade de Sauvabelin sera dirigée pour la première fois par une femme

Si le scoutisme suisse n’atteint pas la notoriété des boy-scouts américains, le mouvement créé par l'anglais Lord Baden-Powell en 1907 ravive l’intérêt des jeunes. Depuis quelques années, les scouts et les cadets connaissent une augmentation de leurs membres. Comment cela s’explique-t-il alors que les nouvelles générations grandissent dans une ère numérique?
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Un mouvement en perpétuelle adaptation
Le 12 septembre, la Brigade de Sauvabelin à Lausanne a vécu un moment symboliquement fort. Le poste de chef de brigade a été pour la première fois attribué à une femme, Sophie Tschumy. «C’est l’aboutissement de tout ce que j’ai pu entreprendre jusqu’ici. Je suis ravie de reprendre officiellement la tête de la brigade et j’ai été très touchée de remarquer l’enthousiasme général», confie-t-elle.
Cette avancée fut saluée par la présence de plus de 500 personnes et cela se ressent également au niveau des inscriptions des jeunes dans les troupes, qui comptent d’ailleurs de plus en plus de filles. «Elles représentent le 43% des membres de l’Association du scoutisme vaudois (ASVd)», selon Antoine Jaquier, chef du protocole de la Brigade de Sauvabelin, brigade qui a atteint la parité hommes-femmes l’année dernière au niveau des chefs et des participants. Sophie Tschumy précise: «Il faut cependant être conscient que le mouvement scout féminin existe depuis toujours, même si la participation féminine a augmenté ces dernières années et qu’une unité féminine a été créée à Sauvabelin en 1981. Cela s’inscrit parfaitement dans les valeurs du scoutisme qui sont intemporelles et universelles et qui s’appliquent pour les hommes comme pour les femmes.»
Déconnexion bienfaisante
Dans les années 1970, le scoutisme et les cadets étaient les principales activités proposées aux jeunes. Depuis, beaucoup de sports se sont démocratisés, ce qui a créé une concurrence au mouvement et engendré son déclin. Depuis une dizaine d’années cependant, un nouvel engouement se fait ressentir par une augmentation constante, et ce pour plusieurs raisons. Le Mouvement scout de suisse (MSdS) compte plus de 47 000 membres, soit 5000 de plus qu’en 2015. Cela pourrait s’expliquer par la mouvance écologique selon Cyrus Mollet, chef des cadets à Chailly. L’activité est également plus attractive au niveau des coûts. Et la sensibilisation sur les effets des écrans fait son œuvre: les parents se rendent compte du bienfait qu’un camp dans la nature procure à leurs enfants. «Ils nous remercient toujours après les camps. Leur enfant est comme transformé, plus extraverti.» Selon Antoine Jaquier, cela se justifie également par la visibilité plus accrue du scoutisme, de manière générale et au niveau médiatique.
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Valeurs intemporelles
Si le scoutisme fait de la concurrence aux YMCA (Union chrétienne des jeunes gens), les deux mouvements perdurent à leur échelle et partagent les mêmes activités en plein air (trekking, activités didactiques, sports en forêt, etc.). Si les jeunes s’inscrivent davantage dans des activités de scoutisme ou chez les cadets (tous deux laïcs), c’est grâce à la modernisation du mouvement, notamment la diminution de l’aspect religieux, la place occupée par les femmes et les activités en phase avec l'époque. D’autre part, Antoine Jaquier rappelle que «les valeurs du scoutisme telles que la vie en communauté, le respect et l’écoute des autres ou encore l’ouverture d’esprit restent intemporelles et universelles. Ce sont elles qui rassemblent de plus en plus de jeunes à travers le monde entier.»
Ancienne scoute à la Roselière, à Yverdon, Zoé Gruet confirme en témoignant d’une expérience sociale unique. «Même si parfois c’était dur, on pouvait passer des nuits sous la pluie, on vivait des choses en camp que l’on ne vivra nulle part ailleurs. Déconnectés le temps d’un week-end, on apprend à s’amuser d’une autre manière. J’en garde un excellent souvenir. On se crée un réseau qui nous sera toujours utile et les liens que j’ai tissés sont encore intacts.»