La nouvelle était attendue d’un jour à l’autre par les autorités. Ce jeudi matin, la Suisse a enregistré son premier mort lié au coronavirus. Le canton de Vaud a ainsi annoncé le décès d’une femme de 72 ans, au CHUV à Lausanne, où elle était hospitalisée depuis le mardi 3 mars. Souffrant de maladie chronique, la septuagénaire était considérée «à haut risque». «Ce cas nous rappelle que même si, pour 80% des gens infectés, la maladie se révélera bénigne, celle-ci peut avoir des effets dramatiques sur les personnes les plus vulnérables», a ainsi relevé le médecin cantonal vaudois Karim Boubaker, lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi après-midi et qui a attiré de très nombreux médias suisses, preuve de l’intensité de la crise.

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Même si elles n’ont pas voulu donner trop de détails, par respect pour la famille et compte tenu du secret médical, les autorités vaudoises ont livré quelques indications sur ce premier décès. De retour d’Italie où elle a très probablement été infectée, la victime s’est rendue dans un hôpital de sa région au moment où elle a commencé à ressentir des symptômes, soit des difficultés respiratoires. Compte tenu de ses antécédents de santé, elle a été immédiatement transférée au CHUV avant même le résultat du test de dépistage, qui s’est finalement révélé positif. Placée dans une chambre d’isolement, elle a été soignée notamment avec deux traitements antiviraux. «Son état a été stable toute la journée de mercredi, ainsi qu’en soirée, a relevé le directeur général du CHUV, Philippe Eckert. Mais durant la nuit, il s’est brutalement détérioré.» La septuagénaire est décédée au petit matin. Des mesures, notamment de quarantaine, ont été prises pour les membres de sa famille.

Pas de mesures supplémentaires

Ce premier mort n’a pas d’incidence sur le dispositif de sécurité décidé par le canton de Vaud. «Nous n’entendons pas, à ce stade, imposer des restrictions supplémentaires», a confirmé la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz, cheffe du Département de la santé et de l’action sociale, insistant sur le principe de proportionnalité. Donc, conformément aux recommandations annoncées par le Conseil fédéral vendredi 28 février, les manifestations de plus de 1000 personnes sont toujours interdites sur sol vaudois. Celles qui accueillent moins de 1000 personnes restent autorisées.

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La conseillère d’Etat Béatrice Métraux, cheffe du Département des institutions et de la sécurité, a néanmoins lancé un appel à la prudence et recommandé aux personnes à risque, c’est-à-dire celles âgées de plus de 65 ans ou atteintes dans leur santé (hypertension artérielle, diabète, maladie cardiovasculaire, maladie respiratoire chronique, cancer…) d’éviter les grands rassemblements et les lieux publics. «Notre priorité est la protection de ces populations vulnérables, nos ressources vont être dirigées vers elles, a ajouté encore de son côté Karim Boubaker. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase, celle d’une dispersion du virus dans la population.» Pour l’heure, onze cas ont été détectés dans le canton de Vaud. Un nombre qui devrait augmenter ces prochains jours.

Tensions au gouvernement

Reste que la question de la pertinence des mesures prises par les autorités suscite des tensions politiques au sein même de l’exécutif cantonal. Lors de la conférence de presse de ce jeudi, Rebecca Ruiz a tenu à apporter «quelques précisions» à la suite des propos tenus la veille à 19h30 par son collègue du gouvernement Philippe Leuba et qui ont suscité un début de polémique. Pour rappel, en direct à la télévision, l’élu PLR a dénoncé vigoureusement une surréaction face au virus, regrettant «la diffusion d’une peur panique» et «le déclenchement d’une crise économique irréfléchie». La magistrate socialiste a ainsi sobrement rétorqué que «le Conseil d’Etat ne remettait nullement en cause les appréciations du Conseil fédéral et de l’Office fédéral de la santé publique». «Le contexte inédit impose des mesures exceptionnelles et le gouvernement vaudois suit l’évolution de l’épidémie de très près», a conclu Rebecca Ruiz.