Élection
Ce samedi, le congrès extraordinaire du Parti socialiste a désigné par une standing ovation sa candidate pour le poste de Pierre-Yves Maillard. On est loin des tensions qui avaient marqué le choix de Cesla Amarelle il y a deux ans

Ce qui était censé samedi n’être qu’une formalité a pris les allures d’un plébiscite. Archi-favorite puisque seule candidate du Parti socialiste et des Verts à briguer le siège du démissionnaire Pierre-Yves Maillard, la conseillère nationale lausannoise Rebecca Ruiz a reçu, lors du congrès extraordinaire de son parti, des témoignages révélant le soutien total de ses camarades. Pas de débat mais un adoubement, sans la moindre note discordante.
De la présidente du parti, Jessica Jaccoud, à celle du gouvernement, Nuria Gorrite, mais aussi Pierre-Yves Maillard, Cesla Amarelle, Béatrice Métraux, son chef de groupe à Berne Roger Nordmann, tous n’ont pas tari d’éloges à son sujet. Rebecca Ruiz fut dite «sérieuse», «solide», «engagée», «rigoureuse», «détient une détermination sans faille», et est «la plus forte candidate que nous puissions présenter pour cette élection». Selon Nuria Gorrite, Rebecca serait une conseillère d’Etat «format patron».
Une image unie du parti
Tenant lieu de vote, des applaudissements et une standing ovation ont secoué la grande salle de Prilly, près de Lausanne, qui accueillait entre autres les collègues parlementaires socialistes et verts de la candidate dont la sénatrice Géraldine Savary, et l’ancienne conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon. Loin des tensions qui avaient présidé au choix de Cesla Amarelle il y a deux ans exactement, le parti a voulu cette fois donner une image parfaitement unie, et celle de troupes disciplinées.
A la tribune, on a aussi commencé la campagne, en n’hésitant pas à fustiger l’alliance de droite «de circonstance» qui lance l’UDC Pascal Dessauges à la reconquête de la majorité du gouvernement. «Au Conseil d’Etat, pas besoin de sang figé mais de sang-froid», lance Nuria Gorrite en référence aux propos de Pascal Dessauges, stupéfait de constater que les dépenses du social dépassent celles de la formation dans le canton de Vaud.
Lire: L’UDC lance Pascal Dessauges dans la course au Conseil d’Etat vaudois
Pierre-Yves Maillard, inquiet de voir la droite s’en prendre à ses acquis sociaux, rappelle qu'«en ce moment, l’un des plus vieux objectifs du PS est sur le point d’être réalisé: le plafonnement des primes par rapport au revenu». 100 000 Vaudois pourront selon lui bénéficier de cette mesure. «Mais en politique, rien n’est jamais acquis, prévient-il, il y a de la revanche dans l’air et cela se joue avec cette élection complémentaire!»
Cinq femmes au Conseil d’Etat?
«Rebecca est une femme», l’évidence a été prononcée à plusieurs reprises, soulignant le fait que la candidate, si elle est élue, complétera une équipe 100% féminine à la gauche de l’exécutif et rejoindra un Conseil d’Etat qui deviendrait alors composé de cinq femmes sur sept ministres.
Forte de quinze ans de politique à son actif, Rebecca Ruiz, 37 ans, a décliné son programme. Notamment active au sein de la Commission de la santé et des affaires sociales à Berne, elle souhaite mieux préparer la prise en charge des seniors, de plus en plus nombreux dans le canton de Vaud, et pour cela, il s’agit d’adapter le système de soins. La candidate a ainsi mentionné les infirmières et infirmiers, qui sont pour le moment 50% à quitter la profession avant la retraite. La criminologue de métier a martelé son envie de contribuer à l’avenir du canton dans sa politique de santé, de sécurité et de climat. Elle a aussi promis de s’engager dans la défense des personnes LGBT. «La priorité est claire: s’assurer que les politiques menées et que le dynamisme vaudois profitent à tous, et préserver des acquis que certains veulent démanteler.»
Evoquant son «malheureux contrat à l’Etat de Vaud dont certains essaient de faire une affaire», l’élue dit avoir été très fière, comme employée auxiliaire, de participer au développement d’une politique publique, et de donner des outils face au cyberharcèlement. Elle a répété ne pas être responsable des pratiques administratives alors en vigueur.
A ce sujet: Le drôle de contrat de travail de Rebecca Ruiz au sein de l’école publique
Le délai est court. Dans deux mois, le 17 mars, les Vaudois iront aux urnes. «Il va faire froid et il va pleuvoir», a prévenu Nuria Gorrite: manière de solidariser encore – si besoin était – la base rose et verte (dont les représentants principaux étaient tous là samedi) pour une campagne de terrain et marchés où Rebecca Ruiz semble, pour l’instant, faire la course en tête.