Une vidéo dénonce la maltraitance dans des porcheries vaudoises
ÉLEVAGE
Des images diffusées par une fondation de défense des animaux montrent des porcs qui vivent en surnombre, aux côtés de cadavres de congénères et d’excréments. Trois porcheries d’élevage vaudoises sont visées. L’autorité cantonale ouvre une enquête

Des porcs en surnombre, entassés dans des boxes sans litière ni lumière, aux côtés de cadavres de cochons et d’excréments: les images sont difficilement soutenables. Diffusée ce mercredi 7 septembre par le Mouvement pour les animaux et le respect de la terre (fondation MART), la vidéo aurait été tournée par une source anonyme dans les porcheries d’Echallens, de Peney-le-Jorat et de Ropraz.
Il faut relever qu’à l’image, rien ne permet de localiser précisément les porcheries filmées, sinon ce qu’affirme MART. La fondation a dénoncé les trois établissements au Service cantonal vaudois des affaires vétérinaires, qui effectue actuellement des contrôles sur place. L’un des propriétaires visé estime être en règle.
Sensibiliser les consommateurs
La séquence relance le débat sur la maltraitance animale et le scandale des abattoirs qui avait suscité l’émoi en France au début de l’année. De nombreuses vidéos dénonçant la souffrance des animaux étourdis, à demi conscients lors de la saignée ou de la suspension à la chaîne, avaient alors circulé sur Internet. «La situation n’est guère mieux en Suisse, affirme Kate Miguet, responsable de la fondation MART, je l’ai constaté à l’abattoir de Martigny.» Elle explique être allée vérifier les faits dans les porcheries vaudoises. «Ce qui se passe dans ces lieux est intolérable, il ne s’agit pas de cas isolés, mais bien de la réalité de 95% des élevages en Suisse. Les consommateurs doivent en être conscients.»
A force de vivre dans de telles conditions, les porcs deviennent fous, se piétinent, meurent à même le sol
La naturaliste engagée depuis vingt ans dans la protection animale n’a pas de mots assez forts. «A force de vivre dans de telles conditions, les porcs deviennent fous, se piétinent, meurent à même le sol. Elever ces bêtes ne coûte pratiquement rien, contrairement aux vaches. Les éleveurs récupèrent du petit-lait pour les nourrir et les laissent s’engraisser sans se soucier de leur bien-être.» Quid des contrôles? «Ils n’ont lieu que tous les quatre ans, ce qui laisse aux propriétaires le temps de dissimuler leurs méfaits.»
Renouvellement des infrastructures
«Ils ont effectivement lieu à cette fréquence, sauf en cas de risque particulier ou de suspicion», précise le vétérinaire cantonal vaudois, Giovanni Peduto, qui a immédiatement mandaté des vérifications après avoir pris connaissance du cas. «Je n’ai jamais été confronté à une telle procédure de dénonciation par diffusion d’images en ligne dans le domaine de l’élevage porcin, reconnaît le responsable. Les infrastructures sont effectivement anciennes et le caillebotis intégral, au sol, sera bientôt interdit. Depuis les années 90, un renouvellement a été entamé, les porcheries conventionnelles sont progressivement remplacées par des stabulations qui détiennent les animaux sur une litière paillée ou bénéficiant de sorties. S’il s’avère qu’il y a effectivement des animaux morts, des mesures seront prises.»
Ce cas est-il représentatif des pratiques d’élevage en Suisse? «On ne pourra tirer des conclusions qu’une fois les vérifications sur site achevées. Toutefois, je précise que la grande majorité des propriétaires élèvent leurs porcs dans le respect des dispositions légales.»
Un propriétaire se dit «aux normes»
A «24 heures», l’un des propriétaires visé assure être aux normes et envisage de porter plainte pour violation de domicile. «On ne peut rien me reprocher. Si on ne peut plus produire ici, les gens achèteront du porc étranger aux antibiotiques», souligne-t-il au quotidien vaudois. L’éleveur précise toutefois être au courant des nouvelles normes qui seront appliquées dès 2018 et se prépare à adapter ses infrastructures.