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Vaud attend encore pour vacciner le groupe 2

Alors que le canton de Genève a ouvert la campagne vaccinale aux personnes de 65 ans et plus, Vaud appelle toujours le groupe 1 à venir se faire vacciner, car il reste des places et ils ne sont que 58% à avoir reçu leurs doses. Les autorités s’expliquent sur cette lenteur

Le canton de Vaud veut s’assurer que les plus de 75 ans et les personnes à risque qui souhaitent se faire vacciner aient pu le faire avant d’ouvrir la vaccination au groupe suivant. — © KEYSTONE/Laurent Gillieron
Le canton de Vaud veut s’assurer que les plus de 75 ans et les personnes à risque qui souhaitent se faire vacciner aient pu le faire avant d’ouvrir la vaccination au groupe suivant. — © KEYSTONE/Laurent Gillieron

Alors qu’ailleurs sur la planète on vaccine 24h/24, les grands centres de vaccination en Suisse s’arrêtent de travailler le week-end. La Confédération a laissé la main aux cantons dans l’organisation vaccinale et ces derniers n’avancent pas au même rythme. Ainsi, dans la majorité d’entre eux, il est possible de se préinscrire en ligne à une vaccination depuis janvier 2021 et certains, à l’instar de Genève, sont passés à la prise en charge du groupe 2. Dans le canton de Vaud ni l’un ni l’autre ne sont d'actualité.

Après avoir répété qu’il n’y avait plus de disponibilités pour les 75 ans et plus de fixer un rendez-vous, le Département de la santé de Rebecca Ruiz appelle désormais ce groupe 1 à continuer à venir recevoir ses doses. Qu’attend-on pour abaisser l’âge d’accès à la vaccination? «Que toutes les personnes du groupe 1 qui souhaitent se faire vacciner aient eu l’opportunité de le faire, et que le nombre de doses livrées soit suffisant pour permettre au groupe suivant de s’inscrire», répond le département.

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Six groupes, six niveaux de priorité

«Il y a actuellement environ 58% des personnes de plus de 75 ans qui sont vaccinées, et 55% des personnes porteuses d’une maladie à haut risque. Dans ces deux groupes, il y a également des personnes qui jouissent d’une immunité naturelle parce qu’elles ont eu la maladie. Le département n’a pas fixé d’objectif chiffré de vaccination par groupe, mais comme ces personnes sont les plus vulnérables face au covid, il veut s’assurer que celles qui en font partie et qui souhaitent bénéficier d’une vaccination aient pu le faire avant d’ouvrir au groupe suivant.»

Pas d’objectif chiffré, selon le département, mais Blaise Genton, responsable médical de la campagne de vaccination Covid-19 du canton de Vaud, souffle que, «selon les estimations, nous espérons atteindre un taux de 65-70% environ». «Nous n’avons pas encore arrêté de date précise, mais nous allons pouvoir élargir la vaccination au groupe suivant, soit les 65 ans et plus, prochainement. Nous sommes à la merci des livraisons de vaccins et de l’autorisation de l’AstraZeneca. Je suis navré que ce soit si long, mais je pense que d’ici à fin juillet les Vaudois qui le souhaitent seront vaccinés», estime-t-il.

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La stratégie vaudoise a consisté à vacciner d'abord les personnes particulièrement vulnérables de 75 ans et plus, les résidents des EMS, les personnes atteintes de maladies chroniques à haut risque et le personnel de santé en contact régulier avec des patients covid ou particulièrement vulnérables. Le groupe 2 est constitué de personnes de 65 à 74 ans, d’autres personnes avec une maladie chronique, du personnel de santé. Le groupe 3 concerne les proches aidants, le personnel des institutions (d’accueil des migrants par exemple), les policiers et les pompiers. Le groupe 4, les personnes de moins de 65 ans vivant dans une structure communautaire. Le groupe 5, les adultes de 50 à 64 ans, et enfin le groupe 6, le reste de la population adulte.

Une vitesse de croisière loin d’être atteinte

L’OFSP continue d’afficher l’objectif de voir toutes les personnes qui le souhaitent vaccinées «d’ici à l’été». «La planification et l’organisation de la vaccination sont réglées différemment d’un canton à l’autre. Dans la plupart des cantons, il est possible de se préinscrire en ligne à une vaccination depuis janvier 2021», précise-t-il. Pourquoi ne peut-on pas le faire dans le canton de Vaud?

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Pour deux raisons, répond le département. «Echelonner les inscriptions par groupe nous permet de mieux cibler le message aux personnes concernées et de s’assurer notamment que les plus vulnérables sont correctement informés. Deuxièmement, il y a encore des incertitudes sur les livraisons de vaccins (nous avons connu des retards, et aussi des baisses de -30% et -25% sur Moderna et Pfizer). Comme par ailleurs le canton compte plus de 800 000 habitants, dont nous ne savons pas combien veulent ou peuvent se faire vacciner, il est impossible de dire aujourd’hui à une personne de 30 ans quand viendra son tour. Noter aujourd’hui des noms sur une liste pour une vaccination dans plusieurs mois ne fait pas grand sens.»

En Suisse, 5,4% de la population a déjà obtenu deux doses de vaccin; 320 877 personnes n’ont reçu que la première piqûre. Quelque 172 234 doses de vaccin ont été livrées aux cantons, mais n’ont pas encore été employées. Par ailleurs, 318 850 doses sont stockées par la Confédération.

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Blaise Genton compare la lenteur helvétique au rythme remarquable de la vaccination au Rwanda ou au Sénégal. «Les Sénégalais sont déjà allés vacciner jusque dans le Sine-Saloum, le Rwanda dispose de dossiers électroniques pour chacun des patients. La Suisse prend conscience de son retard en santé publique, j’espère que ce sera l’une des leçons à tirer de cette crise. Je remarque avec plaisir que de nombreux étudiants et étudiantes commencent à s’intéresser à la santé globale, ce qui n’était pas le cas avant.» Le médecin chef regrette que les autorités aient été si précautionneuses dans une telle situation d’urgence. Selon lui, elles auraient pu autoriser l’AstraZeneca il y a quelques semaines, déjà.