Lausanne
Alors que la gauche restera largement dominante au législatif et à l’exécutif, la question des élections de ce dimanche sera de savoir si le nombre de femmes supplantera celui des hommes au gouvernement de cette ville féministe

Dimanche, les communes vaudoises renouvellent leurs autorités et, si des villes comme Yverdon jouent le renversement de l’équilibre gauche-droite, à Lausanne les enjeux sont moindres. La gauche est sereine, cette législature s’est menée avec une majorité au gouvernement de six contre un, soit trois socialistes, deux Verts et un POP contre un PLR.
Cinq sortants se représentent dont quatre favoris. Le syndic et la municipale roses Grégoire Junod et Florence Germond, l’écologiste Natacha Litzistorf et le libéral-radical Pierre-Antoine Hildbrand. Le siège du POP David Payot, tiré par la liste de gauche lors des élections de 2016, est sur la sellette et attise la convoitise, mais le fait de figurer sur un ticket commun avec les socialistes cette année encore pourra lui sauver sa place.
Le statu quo est donc envisageable, malgré le fait que les Verts tentent de bousculer la répartition des sièges de gauche en partant avec trois candidats sur une liste en solitaire. Le PS veut remplacer le démissionnaire Oscar Tosato par Emilie Moeschler, vice-présidente du parti local. Le PLR ne désespère pas de modifier ce rapport de force en cinq à deux en plaçant sa candidate Florence Bettschart-Narbel.
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A ce moment-là apparaîtrait une nouveauté. Une majorité de femmes à l’exécutif lausannois. Une première? Cela apparaît presque comme une incongruité dans la capitale féministe des grandes manifestations pour la grève des femmes et le chef-lieu du canton de Vaud actuellement gouverné par cinq ministres de sexe féminin. Florence Germond, chargée des finances de la ville depuis 2011, promeut en ce moment même le livre 100 femmes qui ont fait Lausanne, et se souvient du moment où elle faisait figure d’exception à l’exécutif.
«De 2011 à 2016, j’étais la seule femme à siéger à la table des municipaux, rappelle-t-elle. Heureusement, j’étais entourée d’hommes progressistes, mais j’étais déçue que le collège ne représente pas mieux la population. Depuis 2016, j’ai été rejointe par Natacha Litzistorf et désormais sur le papier une majorité féminine est possible. C’est l’éternelle question du rapport hommes-femmes, droite-gauche qui se repose avec la venue de ces élections. J’ai beaucoup plus de points communs avec un homme de gauche qu’avec Florence Bettschart-Narbel, avec qui nous avons des divergences de points de vue, et qui se trouve sur une ligne politique bien à droite. Et d’un autre côté, je trouve important de favoriser les carrières politiques féminines. Sur les listes de droite, il n’y a toujours qu’un quart des candidates qui sont des femmes, nous sommes encore loin d’une politique représentative.»
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Pour Florence Bettschart-Narbel, on n’est pas féministe de la même manière à gauche ou à droite. «Je crois davantage à la formation et à l’éducation qu’à la revendication. Les femmes de droite sont peut-être moins bruyantes à Lausanne que celles de gauche, mais c’est important qu’elles soient représentées à la municipalité. J’incarne cette triple vie (politique, familiale et professionnelle) qu’elles gèrent souvent et je me battrai pour la faciliter.»
Les deux Florence ne se rejoignent pas sur les questions du développement économique de la ville ni sur sa fiscalité, mais la candidate PLR sait qu’elle saura travailler en collégialité si elle est élue. Son parti, contrairement aux dernières élections, peut s’appuyer sur le bilan d’un sortant qui se représente et tirer ainsi davantage la liste qu’en 2016, où Pierre-Antoine Hildbrand n’avait reçu qu’un peu plus de 24% des voix au premier tour.
Cette année, 26 candidats briguent un siège à la municipalité le 7 mars, soit dix de plus qu’en 2016, et ce nombre élevé annonce vraisemblablement qu’aucun candidat ne sera élu en une fois. La vraie vertu de ce premier tour sera donc de diminuer le nombre de prétendants et de retravailler les alliances.
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Le POP se prévaut aussi de son municipal sortant David Payot et attend désormais avec confiance le résultat qui sortira des urnes. «Il a un bon bilan, il a notamment été pionnier en Suisse avec ses budgets participatifs», analyse Anaïs Timofte, présidente du parti lausannois. La jeune femme avait été candidate à l’élection complémentaire du Conseil d’Etat vaudois il y a deux ans mais ne s’est pas montrée intéressée par l’exécutif de la ville. «Je suis sur la liste du Conseil communal. Nous avons un municipal en exercice qui se représente, la question ne s’est pas posée en ces termes. Qu’est-ce que cela changerait d’avoir une municipalité à majorité féminine?» demande-t-elle. La réponse sera peut-être à poser au prochain gouvernement lausannois.