Élections
Après leurs succès en terres valaisanne et neuchâteloise, les Verts semblent surfer sur la vague climatique. Ils seront de nouveau dimanche le grain de sel du second tour des élections jurassiennes

Les Verts ont longtemps été un parti marginal de la vie politique jurassienne, qu’on regardait un peu de haut. Aujourd’hui, le maintien de la candidature de Céline Robert-Charrue ne fait plus rire personne. C’est que, depuis la vague verte des fédérales de 2019, les écologistes engrangent les succès dans les scrutins romands, aux communales valaisannes ou plus récemment aux communales neuchâteloises, dont le parti est sorti grand vainqueur.
L’une de ses victoires représente même plus qu’un symbole. Depuis le 25 octobre, doublant leur nombre de sièges au législatif, les Verts sont devenus le premier parti de La Chaux-de-Fonds. Et cela au détriment du Parti socialiste, qui tenait les rênes de la cité horlogère depuis une centaine d’années. Au Conseil communal (exécutif), le PS a perdu son deuxième siège au profit du président cantonal des Verts, Patrick Herrmann, qui est arrivé en tête du scrutin. «On en rêvait, mais jamais on ne se serait attendu à un tel résultat», assure ce dernier.
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«Ce printemps, on nous avait pourtant dit que les Verts, c’était fini. Qu’avec la crise du covid, les gens ne penseraient plus à l’écologie. Sur le moment, cela nous a ébranlés», relève la conseillère aux Etats neuchâteloise Céline Vara. L’ancienne vice-présidente des Verts suisses poursuit: «Mais finalement, les électeurs n’ont pas opposé les deux préoccupations. Ils ont compris qu’il y a deux crises simultanées et que la pandémie ne résolvait pas la question climatique.»
Tendance solidement installée
«La vague verte n’a pas été freinée par la pandémie», confirme le politologue Pascal Sciarini. Selon le professeur à l’Université de Genève, il y a aujourd’hui une «tendance lourde»: «Auparavant, il y avait une certaine volatilité du vote écologiste. La question environnementale avait tendance à reculer, dès qu’une autre préoccupation apparaissait, comme le chômage ou la migration. Là, elle semble solidement installée.»
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Pour Pascal Sciarini, ce sont surtout les socialistes qui font les frais de cette progression verte. «Il y a une partie de l’électorat de gauche qui peut voter indépendamment pour l’un ou l’autre des deux partis, analyse encore le Genevois. Jusqu’ici, cela avait bénéficié au PS, le grand parti. Aujourd’hui, il y a un basculement.»
Scrutins en 2021
Les écologistes peuvent-ils rééditer leurs succès lors des prochains scrutins, notamment les communales vaudoises de mars 2021? «Je serais très surpris que les Verts ne progressent pas, notamment dans les villes», prédit le géographe Pierre Dessemontet, également vice-président du PS vaudois. Il nuance le recul de la gauche dite ouvrière. «Celle-ci demeure forte, comme à La Chaux-de-Fonds, où elle se divise entre le PS et un POP fort.»
L’Yverdonnois reconnaît toutefois que son parti, présent depuis longtemps dans de nombreux exécutifs, paie une certaine usure du pouvoir, alors que les écologistes apparaissent comme une force nouvelle. Des Verts qui, observe Pierre Dessemontet, sont dorénavant une «composante indiscutable» de la vie politique romande.