En 2022, la ville de Lausanne a emprunté 40 millions de francs à la FIFA, le canton de Neuchâtel 100 millions et la ville de Genève 150 millions. C’est ce qu’indique une enquête de la RTS publiée ce lundi.

Les villes de Neuchâtel (10 millions en 2019), de Fribourg (10 millions en 2022) et de La Chaux-de-Fonds, dans un ordre de grandeur non communiqué, ont aussi eu recours à de tels prêts. En Suisse alémanique, Winterthour (ZH) et Frauenfeld (TG) ont également effectué ce type de transactions, selon la chaîne publique SRF.

Ces révélations font suite à celles, mi-janvier, des journaux bernois du groupe Tamedia à propos de la ville de Berne. Durant six ans, la capitale a emprunté 1,8 milliard de francs à la FIFA, a-t-il été indiqué.

Une plateforme d’emprunteurs et prêteurs

Ces emprunts particuliers sont réalisés par le biais d’une plateforme financière en ligne, la startup Loanboox basée à Zurich. Celle-ci met en relation directe des emprunteurs, par exemple des collectivités publiques ou des entreprises, avec des prêteurs, comme des banques, des assurances, des fonds de pension mais aussi des entités privées, sans intermédiaires.

Par rapport à leurs budgets, les sommes évoquées dans ces emprunts se révèlent modestes. Sur les ondes de la RTS, le conseiller d’Etat neuchâtelois chargé des Finances Laurent Kurth a expliqué qu’il fallait des emprunts en francs suisses et auprès d’organismes soumis à la juridiction suisse; «Une fois ces deux conditions remplies, on prenait les offres les moins chères, étant entendu que nous cherchions des offres à court terme, afin de verser le plus rapidement possible les aides Covid. Les transactions avec la FIFA ont représenté moins de 5% des opérations de ce type», ajoute Laurent Kurth.

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Une Fédération contestée

Ces emprunts à la Fédération internationale de football, mise en cause notamment dans le cadre de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, ne manquent pas de provoquer la polémique. A Berne, la conseillère municipale Milena Daphinoff (Le Centre, ex-PDC) avait fustigé cette pratique: «Berne est une ville de gauche et, apparemment, on finance les projets sociaux de la ville avec de l’argent corrompu qui vient d’une organisation telle que la FIFA. Pour moi, cela ne va pas ensemble. C’est un double jeu, c’est une morale double. Il faut mettre fin à cela.»

Ce lundi, Laurent Kurth se défend: «La FIFA n’est pas interdite d’activités en Suisse, ce n’est pas une organisation de malfaiteurs. Par ailleurs, d’autres prêteurs ont aussi fait l’objet de critiques par le passé, notamment certaines banques. D’autre part, lorsqu’on passe par des emprunts obligataires, ce que personne ne critique, en réalité on ne sait pas qui nous prête. Donc de ce point de vue, je trouve que les critiques par rapport à ces prêts de la FIFA sont assez mal fondées.»

La FIFA n’a pas répondu à la RTS. La ville de Lausanne a indiqué que ces emprunts ne se pratiquent plus, la FIFA ne souhaitant plus accorder de prêts à des collectivités.

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