La cheffe du Département fédéral de la défense, Viola Amherd, défend le choix du Conseil fédéral en ce qui concerne l’achat de nouveaux avions de combat d’ici 2030. Celui-ci se porte sur 36 exemplaires de F-35A du fabricant américain Lockheed Martin. Le prix de ces appareils, «même en incluant l’inflation, restera dans la limite du crédit approuvé de 6 milliards de francs suisses», assure-t-elle dans une interview accordée au Tages-Anzeiger. Soit le montant approuvé par le parlement, puis par le peuple en septembre 2020 avec 50,1% de «oui».

Le F-35 ou rien

Une coalition constituée du Groupe pour une Suisse sans armée (ou GSsA), du PS, des Vert-e-s et des Jeunes vert-e-s a lancé une initiative contre cette acquisition, «Stop F-35», à la fin du mois d’août. Les initiants considèrent que l’appareil «présente des déficiences techniques», qu’il est «inadapté» et «trop cher.»

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Cependant, la ministre estime, qu’il n’est plus possible de revenir sur cette décision. «Bien que le texte de l’initiative soit ostensiblement dirigé contre les F-35, il demande également que le budget de l’armée soit réduit en conséquence, pointe-t-elle. En d’autres termes, si nous votons en faveur de cette initiative, il n’y aura pas d’argent pour un autre jet […] Nous ne pouvons pas changer d’avis. Nous sommes dans une procédure d’acquisition avec des échéances réglées, ce qui poserait des problèmes juridiques.»

Considérations européennes

Le constructeur Boeing avec son F/A-18 Super Hornet, Airbus avec son Eurofighter et Dassault avec son Rafale n’ont pas remporté ce marché. «Il était clair pour les pays soumissionnaires que l’avion présentant le meilleur rapport coût-bénéfice l’emporterait, indique-t-elle. Le contre-échange politique ne jouerait un rôle que dans le cas d’offres équivalentes. Mais ce n’était pas le cas ici.»

Pourquoi le Conseil fédéral n’utilise-t-il pas l’acquisition d’avions de chasse pour gagner des alliés en Europe et améliorer nos relations difficiles avec l’Union européenne? «Nous investissons beaucoup d’argent des contribuables dans cette affaire, répond-elle au quotidien alémanique. Nous ne pouvons pas nous procurer un jet plus cher et technologiquement moins avancé.»

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De plus, Viola Amherd «doute que les 27 membres de l’UE nous traitent soudainement mieux juste parce que nous achetons un avion de chasse en France.» Elle souligne également que Lockheed Martin, le constructeur du F-35, fabrique certains de ses appareils en Italie.