Budget fédéral 2016
Le Conseil national accorde un crédit supplémentaire pour faire face à l’afflux de requérants

Qui dit hausse du nombre de requérants dit aussi hausse des coûts pour la Confédération. Mardi, le Conseil national a ainsi dû se prononcer sur un supplément au budget 2016 de 397 millions de francs suisses, dont 353 millions de francs pour l’asile. L’UDC est le seul parti à s’y être opposé. Pour Peter Keller (NW), accorder ce crédit supplémentaire, «c’est jouer la politique de l’autruche». Il veut bien que la Suisse accueille des requérants réellement menacés dans leur pays, «mais pas les profiteurs de notre état social». Et de déplorer la hausse constante des besoins financiers dans ce domaine. «Où allons-nous prendre ces milliards? En augmentant l’âge de la retraite?» demande-t-il.
Fin mars, Serge Gaillard, directeur de l’Administration fédérale des finances, annonçait effectivement que les coûts de l’asile allaient doubler d’ici à 2018 pour atteindre 2,4 milliards de francs. Ils s’élevaient à 1,2 milliard en 2014. L’adoption mardi d’un crédit supplémentaire confirme cette tendance, liée à la crise migratoire. Le budget 2016 était fondé sur l’hypothèse que, en 2015, 26 000 nouvelles demandes d’asile seraient déposées. Or il y a eu près de 40 000 arrivées. Malgré le recul constaté depuis début 2016, l’afflux de l’an dernier continue donc à peser sur les finances fédérales. Ces 353 millions seront dépensés principalement pour l’aide sociale (266,8 millions) et pour l’augmentation des capacités d’hébergement (82,8 millions).
Pas la première rallonge
Ce n’est pas la première rallonge et probablement pas la dernière, a averti le nouveau ministre des finances Ueli Maurer qui prévoit qu’il faudra répéter l’exercice à la fin de l’année. «Car nous ne pouvons guère influencer les développements dans le domaine de l’asile», déclare-t-il.
Ce n’est pas l’avis du conseiller national Jean-Pierre Grin (UDC/VD), membre de la Commission des finances. «Nous pouvons accélérer les renvois et repérer plus rapidement les requérants économiques», estime-t-il. Cesla Amarelle (PS/VD), également membre de la commission, admet également qu’il y a un potentiel d’amélioration sur le plan financier. Elle rappelle que la nouvelle loi sur l’asile, soumise au peuple ce dimanche, devrait permettre d’économiser 110 millions grâce à l’accélération des procédures. Et de plaider également pour une amélioration du taux d’activités professionnelles des réfugiés et une augmentation des moyens alloués à l’aide au développement.