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Yves Bouvier: les dessous de la plainte

Les plaignants dénonceraient le rôle de sociétés-écrans

© Eddy Mottaz
© Eddy Mottaz

Yves Bouvier: les dessous de la plainte

Justice Les plaignants dénonceraient le rôle de sociétés-écrans

Le Genevois Yves Bouvier, patron de Natural Le Coultre, a été mis en examen samedi à Monaco pour «escroqueries» à l’encontre de la famille de l’oligarque russe Dmitri Rybolovlev et «complicité de blanchiment». Sous contrôle judiciaire, le premier locataire des Ports francs genevois devra verser une caution de 10 millions d’euros. Comme l’avaient révélé le Telegraph et Le Temps, il est soupçonné d’avoir surfacturé des toiles de maîtres à l’occasion de transactions où il servait d’intermédiaire.

Complice présumée, une résidente suisse de la Principauté a, elle, été mise en examen pour «blanchiment» et également placée sous contrôle judiciaire.

Selon une source proche du dossier, une confrontation entre Yves Bouvier et Dmitri Rybolovlev a été organisée vendredi. L’oligarque serait intervenu en qualité de témoin, la plainte ayant été déposée au nom du trust qui détient les toiles – de Picasso, Modigliani, Gauguin, Degas ou encore Léonard de Vinci – supposément surfacturées.

Selon une source proche du dossier, pour motiver sa plainte, la partie plaignante aurait invoqué un circuit d’achat et de vente de tableaux par le biais de sociétés offshore, orchestré par Yves Bouvier. En substance, la partie plaignante aurait développé l’argumentaire suivant: des sociétés-écrans étant les propriétaires légales des œuvres entreposées aux Ports francs, Yves Bouvier aurait prélevé des marges sur des transactions réalisées entre des acheteurs et des vendeurs qui ne pouvaient pas vérifier les sommes effectivement payées ou encaissées puisque les parties ignoraient leurs identités mutuelles.

Intermédiaire russophone

Selon nos informations, Dmitri Rybolovlev affirme avoir découvert le pot aux roses après une rencontre fortuite avec le vendeur d’une œuvre acquise par l’intermédiaire d’Yves Bouvier. Leur discussion faisant apparaître une marge indue prélevée par l’intermédiaire.

C’est par l’entremise de la Suissesse inculpée pour blanchiment que la famille Rybolovlev aurait commencé à faire affaire avec Yves Bouvier. Russophone et proche de ce dernier, cette Bulgare d’origine était, selon nos informations, la femme du dentiste genevois de la famille russe. Elle se serait ainsi liée d’amitié avec Elena Rybolovleva, l’ex-femme de Dmitri Rybolovlev, au point de devenir la marraine de l’un de leurs enfants.

Du fait de son amitié commune avec la famille russe et avec Yves Bouvier, alléguerait la partie plaignante, la Suissesse aurait participé, notamment comme interprète, aux transactions litigieuses, encaissant des commissions au passage. C’est ce dernier élément qui lui aurait valu son inculpation.

Contactée, l’avocate de la famille Rybolovlev, Tetiana Bersheda, soutient que «le rôle de cette complice était crucial» et affirme qu’Yves Bouvier «a toujours insisté sur l’importance de la confidentialité des transactions.»

Défendu par Mes Luc Brossollet et Charles Lecuyer, Yves Bouvier conteste énergiquement toute responsabilité et toute manœuvre inavouable dans le cadre de ces ventes. Dans un communiqué adressé samedi au Temps, les avocats soulignent que les faits instruits, «à les supposer établis dans tous leurs éléments juridiques», seront appréciés «par la juridiction de jugement si elle devait être saisie».